La semaine dernière, le journal Le Défi Quotidien a publié un dossier sur la désintoxication digitale pour lequel le journaliste Kinsley David m’avait posé quelques questions il y a une quinzaine de jours. L’article final est accessible sur le lien suivant:
Ci-dessous l’intégralité de mes réponses pour ceux que cela peut intéresser:
1. Pourquoi est-ce aussi difficile aujourd’hui de vivre sans être perpétuellement connecté ? Sommes-nous devenus paresseux ou fainéants ?
La connection internet fait pratiquement partie des besoins primaires dans le monde moderne puisque la plupart de nos informations nous proviennent par ce biais et nous vivons dans la société de l’information. Bientôt, nous ne pourrons pas imaginer vivre sans accès à Internet, tout comme c’est devenu le cas pour l’eau courante, l’électricité, le téléphone, la radio, la télévision, entre autres. Chaque vague et chaque invention technologique et médiatique apporte bien sûr des questionnements, des doutes, des critiques, et il faut donc s’adapter et revoir notre mode de vie de manière saine et raisonnée. En attendant la maturité, beaucoup se laissent entraîner par des tendances extrêmes, des comportements d’addiction, des usages frivoles. Il s’agit simplement pour chacun de trouver l’équilibre qui permette l’utilisation optimale de ces nouvelles technologies tout en préservant des comportements sains et plus bénéfiques à notre corps et à notre intellect.
2. Que s’est-il passé aux moyens traditionnels de communication tels que le courrier, entre autres ? Est-ce une bonne chose de se fier uniquement à la technologie pour communiquer que ce soit dans le contexte professionnel ou familial ? – Impact d’une hyper connexion sur les relations – professionnelles et familiales ?
Les moyens de communication traditionnels continuent à exister et à innover. D’ailleurs la livraison de paquets augmente grâce au commerce électronique. La technologie permet de rendre tout cela plus efficace, plus rapide, plus fluide et surtout avec une excellente traçabilité. Bien sûr, c’est dommage que nous perdions la faculté d’écrire de belles lettres à la main. Mais il faut savoir qu’avec Internet, c’est la démocratisation possible de la communication que ce soit en termes de flux ou de formats.
Il s’agit cependant d’inculquer les bases de la Netiquette à tous. Il y a aussi un travail de ‘media and technology literacy’ à accomplir car tous ne savent pas nécessairement quand et comment communiquer, comment rechercher l’information et l’importance du partage d’information. Il nous faut aussi apprendre à gérer l’interférence de ces technologies sur les relations et interactions non-virtuelles. Par exemple, apprendre à socialiser et savoir converser avec les autres en présence. Cela commence par les parents qui doivent établir, pour les très jeunes, des règles subtiles (et donner eux-mêmes l’exemple) sur l’usage du mobile. Dans beaucoup de familles, ces outils sont devenus des baby-sitters et les parents n’engagent pas la conversation avec leurs enfants. Hier c’était la télévision. Aujourd’hui ce sont le téléphone, la tablette ou la console. L’outil importe peu. C’est à nous de réguler nos propres comportements.
3. Quel est votre avis sur la digital détox ? Êtes-vous d’avis qu’il est important de se déconnecter de temps en temps et de retourner aux sources ? Quel est l’équilibre à maintenir pour ne pas être accros à la technologie ?
La digital detox, c’est bien mais c’est comme les régimes alimentaires. On en fait pour un moment et puis on rechute. Il faut plutôt prendre conscience des comportements, avoir des programmes de ‘media and technology literacy’ à l’école, trouver moyen de faire en sorte que les gens tirent un bénéfice de cette avalanche d’information qui nous est tout à coup accessible pour améliorer notre vivre ensemble. La technologie n’est qu’un outil. C’est à nous de la façonner, de nous l’approprier sainement, de l’utiliser à bon escient et surtout d’être plus créatifs au lieu d’être des consommateurs passifs de contenus uniquement frivoles.